top of page

Vous n'êtes pas la par hasard!

Dépression après un changement de vie important – comprendre et reconnaître les signes

  • Photo du rédacteur: Lisseth de Preux
    Lisseth de Preux
  • 27 juil.
  • 4 min de lecture
dépression et trouble

Lors d’un grand bouleversement dans notre existence – qu’il s’agisse d’un déménagement, d’un changement de carrière, d’une séparation ou de tout autre transition de vie majeure – il n’est pas rare de se sentir déstabilisé émotionnellement. Perdre ses repères habituels peut entraîner un stress intense, et chez certaines personnes ce stress peut évoluer vers une véritable dépression. En effet, les transitions, même choisies et positives, ont toutes le potentiel de perturber notre sentiment de stabilité et d’engendrer une détresse psychologique significative.


Pourquoi les transitions de vie peuvent mener à la dépression ?

Un changement de vie important s’accompagne souvent d’une période d’adaptation plus ou moins difficile. Nous devons accepter une nouvelle réalité, ce qui implique parfois un deuil de l’ancienne situation. Ce processus peut s’avérer éprouvant : « Un changement de vie majeur peut être très perturbant émotionnellement, car il implique une perte de repères et des bouleversements intérieurs ». Face à ces bouleversements, il est normal de ressentir temporairement de la tristesse, de l’anxiété ou de l’inquiétude quant à l’avenir. Pour la plupart, ces émotions s’atténuent avec le temps et le soutien de l’entourage. Cependant, chez d’autres, la souffrance persiste ou s’accentue. La personne peut alors être confrontée à ce que les psychiatres appellent une dépression réactionnelle, c’est-à-dire un épisode dépressif déclenché suite à un événement de vie marquant ou un changement important. Cette dépression « réactionnelle » se distingue d’une simple baisse de moral par l’intensité et la durée des symptômes, qui durent au-delà de deux semaines et altèrent nettement le fonctionnement quotidien. En d’autres termes, ce n’est pas un chagrin passager, mais un véritable trouble qui nécessite une attention particulière.


Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi une transition de vie dégénère en dépression chez certaines personnes : la soudaineté ou l’ampleur du changement, le manque de soutien social, des expériences passées de traumatisme, ou encore des prédispositions biologiques à l’anxiété et à la dépression.

Par exemple, perdre un emploi de manière inattendue ou vivre un deuil peut nous submerger au point de ne plus parvenir à faire face. Lorsque les mécanismes habituels d’adaptation sont dépassés, on parle parfois de trouble de l’adaptation. Ce trouble se caractérise par une détresse émotionnelle disproportionnée face à un facteur de stress identifiable (par exemple un divorce, un départ en retraite, etc.) et dure typiquement moins de six mois. Si la détresse se prolonge et s’aggrave, on peut alors basculer vers une véritable dépression.


À noter que certaines périodes charnières de l’existence sont particulièrement propices à ce type de dépression. Par exemple, la crise du milieu de vie aux alentours de la quarantaine illustre comment la transition vers une nouvelle phase (45-50 ans) peut s’accompagner d’un profond mal-être. L’individu fait le bilan de sa vie et, s’il a le sentiment que “le meilleur est derrière lui” ou que ses aspirations profondes sont insatisfaites, un vide intérieur peut l’envahir et mener à la dépression. De même, le passage à la retraite, qui constitue une rupture dans le statut social et le rythme de vie, peut déstabiliser au point d’entraîner un épisode dépressif chez certains nouveaux retraités. Chaque transition majeure confronte à la question du sens et de l’identité ; si cette quête de sens tourne à la confusion douloureuse, un accompagnement thérapeutique peut être nécessaire pour y voir plus clair et rebondir.


Signes qui doivent alerter

Comment savoir si l’on traverse juste une période de blues liée au changement, ou si l’on sombre dans la dépression ? Certains signaux peuvent servir de signes avant-coureurs. D’abord, une tristesse persistante qui ne faiblit pas avec le temps est un symptôme important. On observe fréquemment une perte d’intérêt pour les activités habituellement appréciées, une sorte d’apathie face aux choses du quotidien. L’anxiété peut également augmenter: inquiétude constante, peurs diffuses liées à l’avenir. Des sautes d’humeur inhabituelles, passant de la mélancolie à l’irritabilité, peuvent être présentes. On peut se sentir abattu, impuissant ou dépassé par la situation, comme si l’on n’arrivait plus à faire face aux exigences de la vie.

Sur le plan physique et cognitif, la dépression consécutive à un changement de vie peut se manifester par des troubles du sommeil (insomnie ou au contraire sommeil excessif), des changements d’appétit et de poids, une fatigue constante malgré le repos, ou encore des difficultés de concentration et de prise de décision. Il n’est pas rare qu’une personne déprimée se replie sur elle-même : retrait social, isolement, évitement des responsabilités ou des contacts, ce qui peut malheureusement aggraver le sentiment de solitude. Parfois, des idées sombres peuvent émerger, allant jusqu’à des pensées de désespoir voire suicidaires dans les cas les plus sévères.


Il est important de souligner que ressentir quelques-uns de ces symptômes pendant une courte période est courant face à un grand changement. Mais si vous cumulez plusieurs de ces signes et qu’ils durent depuis plus de deux semaines, ou s’ils empirent au fil du temps, il est probable que vous fassiez face à une dépression nécessitant une aide professionnelle. La durée et l’intensité distinguent en effet la dépression d’une réaction passagère : dans la dépression, les symptômes s’installent et perturbent fortement la vie quotidienne, alors que dans un simple « coup de déprime » temporaire, on parvient encore à fonctionner tant bien que mal.


Ne pas rester seul face au mal-être

Prendre conscience que l’on va mal est déjà un premier pas vers la guérison. Si vous vous reconnaissez dans ce tableau, n’attendez pas pour réagir. Parlez-en à un proche de confiance : exprimer ce que l’on ressent peut apporter un certain soulagement et briser le sentiment de solitude. Il peut être également utile de consulter un professionnel de santé afin d’évaluer la situation. Un médecin pourra éliminer une cause physique (certains problèmes de thyroïde ou hormonaux peuvent imiter une dépression) et vous orienter vers un psychologue ou un psychiatre. N’ayez pas honte de demander de l’aide : la dépression est une maladie reconnue, fréquente, et des traitements efficaces existent.


En résumé, un grand changement de vie peut agir comme un séisme intérieur. Si vous sentez que le sol se dérobe sous vos pieds depuis trop longtemps malgré vos efforts, ne restez pas seul dans cette épreuve. Rappelez-vous qu’il est possible de retrouver un équilibre et du mieux-être après une telle période de crise : ce n’est pas une fatalité, de l’aide existe et personne n’a à affronter cela sans soutien. Dans le prochain article, nous aborderons les moyens de faire face et de sortir de la dépression liée aux transitions de vie. En attendant, n’hésitez pas à vous tourner vers un professionnel.



Commentaires


bottom of page